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Le modèle d’apprentissage des 4 C

#Fondamentaux

Compétences pour le 21e siècle – apprendre ce que les ordinateurs ne peuvent pas faire

Le modèle d’apprentissage des 4 C – communication, collaboration, créativité et pensée critique, c’est-à-dire les compétences du 21e siècle – est aujourd’hui incontournable dans les débats sur l’éducation. Mais que sont exactement ces 4 C? Et quel est son rapport avec l’apprentissage dans et par la nature et avec l’éducation à l’ère du numérique? Spoiler: tous deux affirment parfaitement promouvoir les 4 C, mieux que l’école traditionnelle, par exemple. Et pourquoi parle-t-on de 4 C? Est-ce que 5 C, ce ne serait pas encore mieux? Spoiler: à mon avis, nous aurions besoin de 5 C. Ceci étant posé, la discussion ne fait que commencer.

 

Nous savons que l’apprentissage en plein air favorise les compétences clés pour le 21e siècle

Comment les apprenant-e-s d’aujourd’hui peuvent-ils s’adapter dans un monde en constante évolution, qui plus est de plus en plus rapide [mot-clé : monde VUCA]? Selon l’UNESCO et le Forum économique mondial, les quatre compétences clés pour réussir sont la communication, la collaboration, la créativité et l’esprit critique (les 4 C). En effet, pour résoudre des problèmes futurs – encore inconnus – il faut pouvoir développer une pensée latérale et créative, travailler en équipe, être inventif, partager des solutions et apprendre de ses erreurs. Les recherches montrent que l’apprentissage en plein air permet de promouvoir avec succès ces compétences, ainsi que l’autonomie, l’autodiscipline, la concentration et les compétences linguistiques.
(Voir aussi notre blog : « Cinq bonnes raisons pour favoriser un enseignement à l’extérieur« )

Pour nous, spécialistes en éducation environnementale, tout cela semble logique. Nous pouvons également étayer par des études scientifiques que l’apprentissage à l’extérieur favorise les compétences du 21e siècle.

L’éducation numérique L’éducation contemporaine favorise également les 4 C

Les compétences du 21e siècle sont des savoir-faire et des aptitudes que les humains maîtriseront toujours mieux que les ordinateurs. C’est pourquoi de nombreux expert-e-s en matière de numérisation de l’éducation réclament aussi plus de numérisation, ou plutôt une meilleure (et éventuellement une autre) numérisation dans les écoles et l’enseignement. L’éducation numérique veut elle aussi promouvoir les 4 C, pour les mêmes raisons que nous.

Une fois de plus, les idées d’expert-e-s en éducation innovant-e-s (peut-être réformistes) se rejoignent, comme je l’ai décrit dans mon précédent billet: «… les experts modernes de la numérisation de l’éducation et ceux de l’éducation à l’environnement par la nature s’accordent sur bien des points pour définir une bonne éducation. Par exemple, nos chemins se croisent encore et toujours au sujet du modèle des 4 C. C’est peut-être une coïncidence, ou alors le modèle est si général (ou si banal) que tout le monde peut s’y retrouver…». En tout cas, c’est une bonne raison de regarder de plus près ce modèle 4 C.

4 C, c’est bien…

Au cours de mes recherches, j’ai découvert que 4 C, c’est bien, mais que 5 C, c’est mieux! Cela est d’ailleurs confirmé par de nombreuses observations que nous faisons lors des travaux conceptuels et pratiques chez SILVIVA. Mais commençons par le commencement.

Les 4 C sont désormais largement reconnus et présentent l’avantage de décrire des compétences interdisciplinaires et de promouvoir une approche moderne des connaissances. Le «modèle» des 4 C est décrit dans Four-Dimensional Education: The Competencies Learners Need to Succeed (Original, traduction en allemand), par Charles Fadel, Maya Bialik et Bernie Trilling, comme un cadre pour les discussions sur la refonte des objectifs et des programmes éducatifs en tenant compte de la numéricité et d’un monde VUCA. Il ne s’agit donc pas «seulement» de compétences (= skills), mais de connaissances, de compétences, de caractère et de méta-apprentissage et du «quoi», c’est-à-dire de ce qui doit être enseigné dans chaque cas dans ce domaine.

Le point de départ de cette réflexion est le constat que le monde pour lequel nos systèmes éducatifs ont été créés a beaucoup changé («n’existe plus») et continuera à changer (rapidement). En d’autres termes, tout nouveau système éducatif serait bientôt obsolète. Par conséquent, les programmes scolaires devraient être conçus de manière à pouvoir être modifiés en fonction d’un avenir imprévisible.

Voici quelques liens en rapport avec ce modèle:

Il est clair que ce modèle va au-delà de la simple «éducation numérique», que l’EEN et l’EDD peuvent également se situer dans ce cadre, car il s’agit principalement du «quoi» de l’éducation. Quant au «comment», il doit être discuté ultérieurement. De plus, dans Four-Dimensional Education: The Competencies Learners Need to Succeed, l’ouvrage mentionné ci-dessus, les sous-titres du premier chapitre montrent que l’EDD ne fonctionnera pas sans EEN:

  • Tendances et défis mondiaux
  • Durabilité
  • VUCA et valeurs
  • Croissance exponentielle et prévisions
  • L’influence de la technologie sur la société
  • Technologie, automatisation, externalisation et emplois
  • La course entre technologie et éducation

… malgré la critique…

Bien sûr, le modèle n’échappe pas à la critique. Je préférerais ne pas discuter ici le fait que la dichotomie entre connaissance et compétence n’est pas réellement une dichotomie, notamment parce que le sujet est explicitement abordé dans le livre (par exemple dans le chapitre 4: «Penser ensemble la connaissance et les compétences», PDF en allemand).

La critique selon laquelle le modèle repose trop unilatéralement sur une logique d’efficacité et vise avant tout à promouvoir les compétences requises par «l’économie» est beaucoup plus plausible à mes yeux. C’est précisément lorsqu’un tel modèle est plébiscité et préconisé par diverses organisations économiques (néolibérales) que je deviens critique. Je pense néanmoins que le modèle peut très bien s’appliquer à nos thèmes (EEN) et nous devons (devrions?) le mettre en œuvre avec nos outils d’apprentissage et ainsi à la fois affiner l’EEN et utiliser et interpréter le modèle de manière constructive.

… mais 5 C, c’est mieux…

Je suis convaincu que le modèle des 4 C peut (et doit) être étendu. Les diverses crises actuelles et interdépendantes que traverse le monde – auxquelles nous devons également faire face avec l’EEN et l’EDD – et surtout les solutions nouvelles et non mises en œuvre qui sont nécessaires, montrent clairement qu’il y a aussi un manque de compréhension de la complexité. Comme la blogueuse allemande Lisa Rosa, je crois que le modèle des 4 C doit être élargi pour inclure un 5e C, la «pensée complexe». Tweet de @lisarosa du 30.10.2019:

«Les écoles Montessori représentent depuis 99 ans l’alternative scientifiquement fondée et pratiquement prouvée d’un système scolaire régi par les 5 C – pensée complexe, pensée critique, créativité, communication, collaboration et autorégulation.

Les pédagogues Montessori à qui j’ai rendu visite pour la deuxième fois le weekend dernier m’ont appris, entre autres, que les blogs et autres formes complexes de médias numériques peuvent être des environnements d’apprentissage virtuels aménagés.»

https://twitter.com/lisarosa/status/1189597037618184192

… et plus durable!

L’apprentissage dans et avec la nature peut non seulement promouvoir les 4 C mais aussi fortement contribuer à favoriser le 5e C, la «pensée complexe». Je ne sais pas encore comment cela est possible en détail et concrètement, mais les systèmes naturels complexes et la manière dont nous les influençons restent l’élément central de l’EEN.

Parallèlement, nous devons être conscients que les processus complexes dans les systèmes ne sont pas toujours faciles à observer et à vivre en direct. Cela signifie que l’expérience de la nature en plein air ne suffit pas. Toutefois, les outils numériques peuvent nous venir en aide.

Découvrons ensemble comment enseigner et apprendre une pensée complexe dans l’EEN, comment intégrer utilement les 5 C dans notre méthodologie et comment utiliser ensemble les expériences pratiques et les outils numériques pour faire de l’éducation contemporaine et pérenne.

Christian Stocker
Responsable de projet Enseigner Dehors
Suisse alémanique

Traduction : Michèle Kaennel Dobbertin

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